Depuis une décennie, le virage vers la prévention s’est accéléré en soins primaires. La Stratégie Nationale de Santé (2018-2022) l’a affirmé clairement : faire de la prévention la pierre angulaire du système de santé (Ministère de la Santé). Concrètement, votre rôle ne s’arrête plus au dépistage ou au suivi des maladies ; il s’étend à l’accompagnement des patients vers de meilleurs comportements de santé. Selon l’Assurance Maladie, « près de 20 % des décès en France sont attribuables à des facteurs de risque évitables », soit plus de 110 000 morts par an (Assurance Maladie).
Pourtant, la réalité du terrain est complexe : manque de temps, difficulté à actualiser ses connaissances, méconnaissance des outils disponibles. C’est ici que le Développement Professionnel Continu (DPC) peut faire la différence.
Créé en 2009 et rénové par la loi HPST (2009), le DPC représente une obligation triennale pour tout professionnel de santé exerçant en France. Selon l’article L4021-1 du Code de la santé publique : participer au DPC, c’est actualiser et améliorer ses compétences afin d’assurer la sécurité et la qualité des soins.
Aujourd’hui, le DPC va plus loin. Il intègre une vraie dimension de prévention, d’éducation à la santé et d’accompagnement au changement dans les pratiques. L’Agence nationale du DPC (ANDPC) définit ainsi trois axes pour la formation continue des médecins généralistes :
La prévention fait même partie des orientations prioritaires nationales du DPC : sur les 44 orientations 2023-2025, près de 40 % impliquent un volet prévention (Source : ANDPC).
S’engager dans une démarche DPC orientée prévention, c’est répondre à des enjeux majeurs :
Selon une enquête du Collège de la Médecine Générale (CMG, 2020), plus de 60 % des médecins généralistes ont modifié leurs pratiques suite à une formation DPC orientée prévention.
Le catalogue DPC regorge d’actions dédiées à la prévention, répondant aux différentes facettes de la pratique générale :
À noter : près de 5 500 médecins généralistes ont suivi en 2022 une action DPC centrée sur la vaccination (Source : ANDPC, Rapport d’activité 2022).
Plusieurs publications évaluent l’utilité concrète du DPC en prévention :
En retour direct : plusieurs médecins interrogés par le CMG soulignent que certains modules favorisent la systématisation du conseil de prévention en consultation, là où il était auparavant abordé de façon opportuniste.
La prévention secondaire – repérer et prendre en charge précocement les maladies pour éviter leur aggravation – illustre l’utilité du DPC.
L’accès à ces outils et à ces méthodologies fait souvent la différence dans la détection précoce et l’orientation rapide, notamment pour limiter la perte de chance du patient.
Depuis 2020, de nouvelles orientations DPC intègrent la prévention numérique : formation à la télémédecine, utilisation d’outils d’aide à la décision, repérage des signaux faibles dans les dossiers électroniques (PNMR, messagerie sécurisée…). Ces innovations servent la prévention, notamment pour le maintien du lien avec les patients fragiles ou isolés. Un exemple emblématique : le module DPC « Prévention, Covid-19 et systèmes de surveillance » a accompagné plus de 8 500 médecins en deux ans (Sources : ANDPC, rapport d’activité 2022).
Par ailleurs, le DPC permet d’aborder la prévention sous l’angle des inégalités sociales : repérage des obstacles à l’adhésion aux campagnes de dépistage en quartiers prioritaires, adaptation des messages pour les publics vulnérables…
Pour intégrer plus efficacement la prévention dans votre exercice quotidien grâce au DPC :
Finalement, le DPC n’est pas qu’un impératif réglementaire : bien choisi et bien mobilisé, il agit comme un véritable catalyseur pour la prévention en médecine générale. Chaque formation bien ciblée donne des clés pour dépasser les obstacles du quotidien, renouveler sa façon d’aborder la santé de ses patients et, surtout, contribuer concrètement à la réduction de la morbi-mortalité évitable. C’est aussi un espace où s’échangent les bonnes pratiques et où s’élaborent, au fil des sessions, les outils et habitudes qui feront progresser durablement la qualité des soins de premier recours.