Depuis 2013, le Développement Professionnel Continu (DPC) s’est imposé comme un élément central du paysage de la formation des professionnels de santé français. Régi par les articles L.4021-1 et suivants du Code de la santé publique, il concerne aujourd’hui plus de 1,7 million de professionnels médicaux et paramédicaux (Agence nationale du DPC).
Mais derrière la contrainte réglementaire, le DPC incarne surtout une réponse structurée à des enjeux majeurs : l’évolution rapide des pratiques, l’explosion des connaissances médicales, la nécessité d’assurer l’égalité d’accès à des soins de qualité, et la priorité donnée à la sécurité des patients.
Le DPC a pour objectif “le maintien et l’actualisation des connaissances et des compétences, ainsi que l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins” (article L.4021-2 du CSP).
Plus précisément, le DPC inclut trois types d’actions : formation continue, analyse des pratiques professionnelles, et gestion des risques.
Dans un univers médical où les référentiels évoluent à un rythme soutenu, la formation DPC s’inscrit dans une logique d’actualisation permanente des connaissances.
L’un des axes majeurs du DPC est la gestion des risques, fondamentale pour diminuer la survenue d’incidents graves. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
C’est un impact concret : pour le patient, c’est moins d’effets indésirables, moins de complications et des parcours de soins plus sécurisés.
Au-delà de la stricte application des référentiels, la formation DPC encourage la diffusion des innovations diagnostiques, thérapeutiques et organisationnelles.
De nombreux retours de terrain illustrent ce levier d’innovation. Par exemple, dans plusieurs maisons de santé pluridisciplinaires, des actions DPC sur la prise en charge de l’obésité infantile ont mené à la création de parcours coordonnés impliquant médecin, infirmier, diététicien et psychologue, avec un taux de suivi supérieur à 76 % des enfants à 12 mois (source : Fédération Française des MSP).
Les enquêtes de satisfaction menées par l’Agence nationale du DPC chaque année reflètent l’adéquation du dispositif aux besoins de formation : 89 % des professionnels ayant suivi un programme DPC déclarent avoir modifié leur pratique à la suite de cette formation (rapport ANDPC 2023).
Le DPC n’impacte pas que la pratique clinique : il constitue un élément majeur d’attractivité et de fidélisation des professionnels. Dans certains territoires, l’accès à des offres DPC de qualité est désormais listé parmi les leviers pour lutter contre les déserts médicaux.
L’Ordre national des médecins souligne que l’inscription des formations suivies au DPC dans le “portefeuille professionnel” facilite non seulement la mobilité, mais aussi la reconnaissance, par les pairs ou les employeurs, du haut niveau d’expertise acquis.
En favorisant l’accès à une information validée et régulièrement mise à jour, le DPC réduit le risque de disparités de pratiques entre régions, établissements ou professions.
Cette homogénéisation participe à la réduction des inégalités d’accès et de qualité des soins sur le territoire, objectif réaffirmé par le ministère dans la Stratégie Nationale de Santé 2023-2028.
Si les preuves de l’impact positif du DPC sont aujourd’hui indéniables, des freins existent toujours :
Néanmoins, près de 66 % des médecins et 71 % des infirmiers ont participé à une action DPC sur la période 2020-2023 (ANDPC), des chiffres en hausse malgré l’impact temporaire de la crise sanitaire.
Au moment où la santé devient de plus en plus collaborative, personnalisée et fondée sur la donnée, le DPC évolue pour accompagner ces mutations. Les formations sur l’environnement numérique en santé, la prise en charge des maladies émergentes, le patient partenaire, ou l’intelligence artificielle en médecine, sont de plus en plus présentes au catalogue.
Si la qualité des soins dépend d’une expertise médicale solide, elle repose tout autant sur cette capacité collective à apprendre, s’autoévaluer et innover. Le DPC, en structurant cette démarche, continue d’être une clé de voûte du système de santé français, au service du patient et du soignant.
Pour toutes celles et ceux qui font de leur métier une exigence d’excellence, c’est un outil à s’approprier, à défendre et à faire évoluer — ensemble.