Pour vous, professionnel de santé, le Développement Professionnel Continu (DPC) est un passage obligé, mais connaissez-vous précisément les règles qui l’encadrent ? Deux notions reviennent souvent sans toujours être clairement distinguées : l’obligation déontologique d’une part, et l’obligation réglementaire d’autre part. Si elles convergent vers un même objectif – la qualité des soins – leurs fondements, leurs conséquences et leurs modalités diffèrent nettement.
Distinguer obligation déontologique et obligation réglementaire dans le DPC n’est pas une question de jargon. Cela vous permet d’ajuster votre pratique, de comprendre les risques (et leurs conséquences) mais aussi de valoriser votre engagement. Voyons concrètement ce que recouvrent ces deux notions.
Une obligation déontologique est une exigence morale et professionnelle, inscrite dans le code de déontologie propre à votre profession (médecins, infirmiers, chirurgiens-dentistes, etc.). Elle découle de l’éthique professionnelle : il s’agit d’honorer la mission de protection et d’amélioration de la santé, dans le respect des bonnes pratiques. C’est dans cette logique que l’article 11 du Code de déontologie médicale précise :
Cette exigence s’applique à toutes les professions réglementées du soin, chaque code de déontologie ayant ses propres formulations mais un fond commun.
En somme (et sans résumer) : l’obligation déontologique est universelle, permanente, et vise la qualité et la sûreté de vos pratiques.
L’équation change avec l’arrivée du DPC en 2009 (loi HPST) puis son renforcement en 2016 via la loi de modernisation de notre système de santé. L’obligation réglementaire, elle, est inscrite dans la loi :
Plus concrètement :
Depuis 2019, le contrôle s’intensifie : lors du renouvellement d’inscription au tableau de l’Ordre, il peut être demandé de justifier de votre engagement dans un parcours de DPC. Certains ordres (médecins, chirurgiens-dentistes, sage-femmes) optent pour un contrôle systématique ou au moins aléatoire chaque cycle.
Le non-respect de l’obligation réglementaire est donc davantage susceptible d’entraîner des conséquences formelles, et fait désormais l’objet de contrôles effectifs.
Obligation déontologique | Obligation réglementaire |
---|---|
Basée sur le code déontologique | Basée sur la législation (CSP, lois de santé) |
Statut individuel, permanent, moral | Statut légal, périodique (tous les 3 ans), officiel |
Sanctions ordinales, surtout éthiques | Sanctions juridiques, impact administratif |
Formes de formation élargies (lecture, congrès…) | DPC uniquement (actions enregistrées à l’ANDPC ou DPC hôpital) |
Contrôle par l’Ordre | Contrôle par l’ANDPC, ARS, employeur, Ordre |
Voici, de façon synthétique, comment ces obligations se distinguent et s’articulent. Le professionnel doit se former en continu (déontologie), mais il doit aussi prouver qu’il l’a fait selon les modalités définies par la réglementation actuelle.
Selon un rapport de l’Agence nationale du DPC, 45 % seulement des médecins libéraux ont complètement validé leur obligation réglementaire DPC sur la période 2019-2022 (source : ANDPC, Bilan 2022). Pourtant, plus de 85 % participent à au moins une action de formation hors-DPC – ce qui montre bien la distinction entre engagement moral et conformité administrative.
Le système français, comme beaucoup d’autres systèmes de santé européens, maintient ce double registre pour garantir deux choses :
Cette approche se retrouve aussi à l’international : au Royaume-Uni, la GMC (General Medical Council) renforce chaque année le contrôle des actions de développement professionnel (revalidation); au Canada, le Collège des médecins exige un nombre minimal d’heures et une déclaration annuelle.
Distinguer clairement obligation déontologique et obligation réglementaire vous aide à mieux piloter votre formation et à communiquer sur la qualité de votre implication professionnelle. Comprendre cette dualité n’est pas une simple formalité administrative : c’est un levier pour mieux choisir vos parcours, pour anticiper les contrôles, et pour inscrire votre engagement dans cette dynamique d’amélioration continue si précieuse à la profession et à la société. Et si la règlementation n’accompagne pas toujours parfaitement l’évolution des sciences, se tenir informé des deux volets reste la posture la plus sûre.
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